No data was found

Ce qu’il faut surveiller à la COP 28

27 novembre 2023

Des représentants des gouvernements de partout dans le monde, des militants pour la lutte contre les changements climatiques et des chefs d’entreprise se réuniront à la COP 28 du 30 novembre au 12 décembre. Lisez la suite pour découvrir les sujets liés aux facteurs ESG qui, selon nous, seront au cœur de l’événement.

Qu’est-ce que la COP 28 et pourquoi est-elle importante?

Des représentants des gouvernements de partout dans le monde, des militants pour la lutte contre les changements climatiques et des chefs d’entreprise se réuniront à la fin du mois à l’occasion de la 28e Conférence annuelle des parties des Nations Unies, aussi connue sous le nom de COP 28. Ils y feront le point sur les progrès accomplis dans la lutte pour réduire les effets des changements climatiques et négocieront de nouvelles mesures.

En 2023, tous les continents habités ont connu des phénomènes météorologiques extrêmes provoqués ou exacerbés par les changements climatiques. Les inondations en Libye ont coûté la vie à environ 4 000 personnes et en ont entraîné le déplacement de 40 000 autres.1 Le mois de juillet le plus chaud au monde2 jamais enregistré a provoqué des vagues de chaleur mortelles dans certaines régions de l’Amérique du Nord, de l’Europe du Sud et de la Chine.3 Les incendies de forêt ont brûlé plus de 18 millions d’hectares rien qu’au Canada.4

Ces événements, parmi d’autres, soulignent la menace que représentent les changements climatiques et l’urgence des efforts visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius par rapport aux températures préindustrielles. Ces efforts ont reçu un coup de pouce à la mi-novembre, lorsque les États-Unis et la Chine se sont mis d’accord pour tripler la capacité mondiale de production d’énergie renouvelable d’ici 2030, en utilisant cette augmentation pour remplacer les combustibles fossiles et en fixant des objectifs de réduction pour tous les gaz à effet de serre, et pas seulement pour le dioxyde de carbone. Pourtant, il subsiste des obstacles, notamment le fait que les pays de la COP continuent d’encourager l’extraction de combustibles fossiles ainsi que le recul de certaines politiques de transition énergétique.5 Les discussions de la COP 28 montreront si l’engagement des participants à lutter contre les changements climatiques et leur vision de la voie à suivre sont à la hauteur de l’urgence du moment.

Cette conférence intervient à un moment clé pour le Canada, qui cherche à accélérer la décarbonisation de son économie fortement axée sur l’industrie et les matières premières. À l’instar d’autres investisseurs, nous suivrons de près la manière dont des pays développés similaires abordent le défi et quelles seront les répercussions sur les politiques au Canada.

De nombreux chefs d’État et de gouvernement qui ont participé à la conférence annuelle par le passé seront absents de la COP 28, notamment le premier ministre canadien Justin Trudeau. Si leur absence risque d’affaiblir le profil de la réunion de cette année, elle pourrait aussi donner aux participants une meilleure occasion de trouver des solutions sans se laisser distraire par les séances de photos et les jeux politiques.

La COP 28 couvrira beaucoup de terrain en deux semaines. Voici les sujets que nous suivons de près :

Le premier bilan mondial

La COP 28 est l’occasion de demander aux pays de rendre compte de leurs progrès (ou de leur absence de progrès) dans la lutte contre la crise climatique. La conférence accueillera une discussion sur les conclusions du tout premier bilan mondial, un processus établi dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015 pour évaluer les actions mondiales liées au climat, notamment les efforts visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, à améliorer la résilience et à garantir un financement. Le bilan mondial est établi tous les cinq ans; le premier a débuté en 2022 et s’achèvera par des discussions sur ses conclusions lors de la COP 28. Pour la première fois, les pays qui participent à la Conférence des Parties (COP) devront montrer ce qu’ils ont fait ou n’ont pas fait pour honorer leurs engagements.

Un rapport technique sur le bilan publié en septembre a révélé que les progrès en matière d’atténuation et d’adaptation sont loin d’être suffisants. Sur un ton modéré, le rapport appelle à des mesures radicales : redoubler d’efforts pour réduire les émissions et passer aux énergies renouvelables, freiner la déforestation, réduire les subventions aux combustibles fossiles et augmenter considérablement les financements destinés aux pays en développement. Le rapport reconnaît que pour satisfaire les besoins de financement des pays en développement — que les Nations unies estiment à 5,9 mille milliards de dollars d’ici 20306 — il faudra s’assurer de la participation du secteur privé.

Nous serons attentifs à la manière dont les pays réagiront aux résultats du bilan mondial et aux éventuelles incidences sur les politiques et les investissements. Un récent audit des efforts de réduction des émissions du Canada a révélé que ceux-ci ne permettront pas d’atteindre l’objectif que le Canada s’est fixé pour 2030. Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, a pris acte des résultats et a promis que le gouvernement prendrait de nouvelles mesures sous peu.7 Nous nous attendons à plusieurs annonces de politiques qui clarifieront la manière dont le Canada atteindra ses objectifs à l’avenir.

Vers un nouvel objectif quantifié collectif

En 2009, les pays développés se sont engagés à financer les efforts climatiques des pays en développement à hauteur de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020. L’accord de Paris de 2015 a réaffirmé cet engagement et plaidé en faveur d’un nouvel objectif quantifié collectif sur le financement climatique, avec un plancher de 100 milliards de dollars, à convenir avant 2025.

L’objectif initial de 100 milliards de dollars a été choisi de façon arbitraire, à la suite d’un processus politique, et il n’a jamais été atteint. On s’attend à ce que le nouvel objectif tienne compte des besoins de financement réels des pays en développement, qui se chiffrent en milliers de milliards de dollars.8

Même si nous ne nous attendons pas à ce que les pays de la COP se mettent d’accord sur le nouvel objectif quantifié collectif avant l’année prochaine, nous aimerions que les participants profitent de la conférence de cette année pour entamer le difficile processus permettant de comprendre pourquoi ils n’ont pas réussi à atteindre l’objectif précédent. Nous espérons également qu’ils parviendront à conclure des accords, à mettre en place des structures et des mesures incitatives qui leur permettront d’atteindre un objectif beaucoup plus ambitieux et réaliste.

Plans et politiques de décarbonisation

Les États membres de l’ONU reconnaissent depuis longtemps que la décarbonisation est essentielle pour lutter contre les changements climatiques. Au cours de la dernière décennie, le monde a fait de grands progrès dans le développement et la mise en œuvre de sources d’énergie à faible teneur en carbone ou sans carbone, au point que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a récemment prévu que la demande mondiale de combustibles fossiles atteindrait son maximum d’ici 2030.9

Pourtant, le secteur de l’énergie a continué à investir dans les combustibles fossiles. Par exemple, Exxon et Chevron ont récemment annoncé d’importantes acquisitions de sociétés d’exploration et de production (Pioneer Natural Resources et Hess, respectivement), ce qui laisse penser qu’ils entrevoient un avenir radieux dans le pétrole et le gaz.10 11 Par ailleurs, de nombreux pays continuent d’offrir des subventions et d’autres incitatifs qui soutiennent la production de combustibles fossiles, sapant ainsi leurs propres objectifs de transition énergétique. Les progrès dans la refonte de ces politiques accusent un certain ralentissement : par exemple, le premier ministre britannique Rishi Sunak a fait les gros titres en septembre lorsqu’il a repoussé la date limite pour l’élimination progressive des voitures neuves fonctionnant à l’essence et au diesel et des chaudières à gaz.12

Pour que la COP 28 accélère la décarbonisation, ses participants doivent tenir compte des forces économiques et des intérêts particuliers qui s’opposent à la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. Le fait que la conférence se tienne dans un pays membre de l’OPEP met cette question au premier plan. Des chefs de file du secteur de l’énergie sont attendus; nous sommes impatients de les entendre expliquer ce qu’ils attendent des gouvernements pour aller de l’avant en matière de décarbonisation. Nous sommes également impatients de voir le gouvernement canadien proposer des politiques de décarbonisation plus convaincantes.

Transition équitable

Le thème de la transition équitable figure à l’ordre du jour officiel de la COP 28. Il s’agit de reconnaître que tout changement de politique aura des répercussions sur les communautés vulnérables, en particulier les populations autochtones et les travailleurs du secteur de l’énergie et d’autres secteurs traditionnellement tributaires des combustibles fossiles. Ces considérations sont particulièrement pertinentes pour le Canada, qui compte une représentation relativement importante de ces groupes.

Nous pensons que les communautés vulnérables aux changements induits par la décarbonisation doivent avoir un siège à la table des négociations et bénéficier, au même titre que les autres parties, des efforts d’amélioration. Le Canada a fait des progrès dans ce domaine. Le Plan pour des emplois durables du gouvernement fédéral établit un cadre de transparence et de collaboration proactive entre les secteurs public et privé, la société civile et les communautés autochtones afin d’atténuer les effets négatifs et d’assurer une répartition équitable des avantages économiques générés par la transition énergétique. Nous serons attentifs au degré d’engagement des autres pays en faveur d’une transition équitable et à la forme que prendront les politiques qui la soutiennent.

Les points en suspens de la COP 27

Les participants à la dernière Conférence des Parties ont laissé un certain nombre de questions clés en suspens, notamment :

Les détails du fonds pour les pertes et les dommages. L’une des principales avancées de la COP 27 a été l’accord sur la création d’un fonds destiné à aider les pays en développement à faire face aux pertes et aux dommages causés par les changements climatiques. Depuis lors, les discussions se sont concentrées sur l’origine des fonds et sur la manière dont les pays en développement y auront accès. Les discussions se sont intensifiées cette année, car les pays étaient en profond désaccord sur des détails comme le rôle de la Banque mondiale dans l’administration du fonds, le caractère volontaire ou non des contributions et la représentation des pays en développement au sein du conseil d’administration du fonds. Les négociations intenses qui ont eu lieu à Abu Dhabi au début de novembre ont abouti à une entente sur un plan d’action qui définit des objectifs et des paramètres de base, mais qui ne permet pas de résoudre les détails essentiels. Le plan doit être adopté officiellement à la COP 28.13

Le Canada a appuyé sans réserve le fonds pour les pertes et dommages. La ministre Guilbeault a activement insisté pour qu’il soit inscrit à l’ordre du jour de la COP 27 et a mené des consultations sur le plan d’action en prévision de la COP 28.14

Les dispositions relatives à l’adaptation. En 2017, les pays se sont engagés à fournir un financement pour aider les pays en développement à s’adapter aux effets des changements climatiques. Lors de la COP 27, ils ont convenu de doubler le financement promis d’ici 2025. Pourtant, des détails essentiels restent obscurs. Les pays n’ont pas encore établi de cibles mesurables pour l’adaptation mondiale, et même s’il y a un consensus généralisé sur le fait que le secteur financier mondial devra jouer un rôle clé dans le financement des efforts d’adaptation, les détails restent à définir.

Les efforts d’adaptation sont susceptibles de produire un large éventail d’occasions d’investissement intéressantes. En collaborant, les investisseurs et les gouvernements peuvent apporter des solutions qui libèrent les capitaux privés mondiaux afin d’accélérer et de faire progresser les projets d’adaptation essentiels. Nous serons attentifs à l’évolution de la situation pour voir si les dirigeants des secteurs public et privé commencent à officialiser les structures qui rendent ce type d’investissement possible.

Nous nous attendons à ce que la conférence de cette année à Dubaï soit un exercice d’évaluation et de responsabilisation qui donne à réfléchir, mais qui toutefois est nécessaire. Outre les résultats du bilan mondial, les participants prendront connaissance des nouvelles orientations issues d’une consultation indépendante commandée par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Cette consultation devrait aboutir à la publication de lignes directrices lors de la COP 28 ou autour de cette période, qui établissent les orientations et les attentes nécessaires concernant les engagements envers la carboneutralité.15

Nous espérons que les participants se montreront à la hauteur de la situation, c’est-à-dire qu’ils renouvelleront leur engagement en faveur de l’atténuation des changements climatiques, de l’adaptation et de la justice, et qu’ils commenceront à faire les choix difficiles nécessaires pour réaliser des progrès rapides dans chacun de ces domaines. Il faut espérer que la COP 28 marquera un tournant dans la réponse mondiale aux changements climatiques, un moment de clarté au cours duquel les pays de la Conférence des Parties soutiendront leurs objectifs ambitieux par des mesures tout aussi ambitieuses.

Footnotes

1 https://apnews.com/article/libya-derna-dams-collapse-survivors-floods-chaos-1a2e0c06e61360580ab1277fdf3dae76

2 https://www.washingtonpost.com/weather/2023/08/02/july-hottest-month-global-temperatures/

3 https://www.worldweatherattribution.org/extreme-heat-in-north-america-europe-and-china-in-july-2023-made-much-more-likely-by-climate-change/

4 https://www.washingtonpost.com/weather/2023/10/18/canada-historic-2023-wildfire-season-end/

5 https://www.theguardian.com/environment/2023/sep/20/rishi-sunak-confirms-rollback-of-key-green-targets

6 https://unfccc.int/sites/default/files/resource/54307_2%20-%20UNFCCC%20First%20NDR%20technical%20report%20-%20web%20%28004%29.pdf

7 https://www.reuters.com/sustainability/canadas-emissions-reductions-unlikely-meet-2030-target-auditor-general-says-2023-11-07/

8 https://unfccc.int/sites/default/files/resource/54307_2%20-%20UNFCCC%20First%20NDR%20technical%20report%20-%20web%20%28004%29.pdf

9 https://www.iea.org/reports/world-energy-outlook-2023/executive-summary

10 https://corporate.exxonmobil.com/news/news-releases/2023/1011_exxonmobil-announces-merger-with-pioneer-natural-resources-in-an-all-stock-transaction

11 https://www.chevron.com/newsroom/2023/q4/chevron-announces-agreement-to-acquire-hess

12 https://www.theguardian.com/environment/2023/sep/20/rishi-sunak-confirms-rollback-of-key-green-targets

13 https://www.theguardian.com/environment/2023/nov/05/countries-agree-key-measures-to-fund-most-vulnerable-to-climate-breakdown

14 https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/nouvelles/2023/09/le-ministre-guilbeault-encourage-la-hausse-de-lambition-climatique-a-new-york.html

15 https://unfccc.int/climate-action/tracking-and-recognition

Tout énoncé qui repose nécessairement sur des événements futurs peut être une déclaration prospective. Les déclarations prospectives ne sont pas des garanties de rendement. Elles comportent des risques, des éléments d’incertitude et des hypothèses. Bien que ces déclarations soient fondées sur des hypothèses considérées comme raisonnables, rien ne garantit que les résultats réels ne seront pas sensiblement différents des résultats attendus. L’investisseur est prié de ne pas se fier outre mesure aux déclarations prospectives. Concernant les déclarations prospectives, l’investisseur doit examiner attentivement les éléments de risque décrits dans la version la plus récente du prospectus.

BMO Gestion mondiale d’actifs est une marque de commerce sous laquelle BMO Gestion d’actifs inc. et BMO Investissements inc. exercent leurs activités. Certains des produits et services offerts sous le nom BMO Gestion mondiale d’actifs sont conçus spécifiquement pour différentes catégories d’investisseurs au Canada et peuvent ne pas être accessibles à tous les investisseurs. Les produits et les services ne sont offerts qu’aux investisseurs au Canada, conformément aux lois et règlements applicables.

MC/MD Marque de commerce/marque de commerce déposée de la Banque de Montréal, utilisée sous licence.

Reccomended

article collection

Mutual Funds

Perspectives

La Maison-Blanche à Washington, D.C., un jour d’été.
La Maison-Blanche à Washington, D.C., un jour d’été.
24 avril 2024

Des élections cruciales aux États-Unis qui devraient produire des résultats politiques très différents

Le gagnant de la revanche des élections présidentielles entre Biden et Trump poursuivra sans doute des ambitions politiques diamétralement opposées à celles de son rival. Les résultats de l’élection de novembre pourraient avoir de profondes répercussions sur l’inflation, la croissance, la réglementation et au-delà, selon Michael Gregory, économiste en chef délégué, et Sal Guatieri, économiste principal, BMO Groupe financier.
Image en 3D d’aspect futuriste d’une tête humaine composée de particules en forme de cube
Image en 3D d’aspect futuriste d’une tête humaine composée de particules en forme de cube
23 avril 2024

Intuition ou informatique : Bref historique de l’investissement quantitatif

Les stratégies quantitatives faisant de nouveau les manchettes, Lu Lin, nouvelle chef, Placements quantitatifs à BMO Gestion mondiale d’actifs, propose une introduction aux tiraillements historiques entre l’instinct humain et les modèles mathématiques dans le cadre des placements institutionnels.
Silhouette panoramique de Mumbai avec plusieurs gratte-ciel en construction
Silhouette panoramique de Mumbai avec plusieurs gratte-ciel en construction
23 avril 2024

Notes de Mumbai : Enquête sur une économie en expansion

Les obstacles dans le secteur immobilier chinois et les changements dans le commerce international qui ont commencé pendant la pandémie de COVID-19 ont donné des occasions à d’autres marchés émergents. À présent, l’attention des investisseurs se tourne de plus en plus vers un marché en particulier : l’Inde. Dans cet article, Sadiq S. Adatia, chef des placements de BMO Gestion mondiale d’actifs, fait part des observations directes qu’il a pu faire pendant sa récente mission de recherche d’occasions à Mumbai.
18 avril 2024

Transformation des entreprises grâce à une stratégie climatique

En matière de carboneutralité, les bons comportements d’une organisation peuvent contribuer à une stratégie climatique gagnante dans la transition de l’ambition à l’action.
16 avril 2024

Encore un sursis : l’atterrissage en douceur se dérobe de nouveau

Vue à 3 000 mètres d’altitude, l’économie semble en assez bonne santé. Mais il faut savoir que de plus en plus de signes de faiblesse économique sous-jacente pointent à l’horizon.
Taureau dans une arène
20 mars 2024

La ruée vers le haut se poursuit : les raisons de l’optimisme des marchés

La plus récente ronde d’annonce des bénéfices s’est avérée positive dans l’ensemble, la société Nvidia s’étant démarquée du lot en surpassant les attentes élevées des analystes.